Envoûté par les flammes vacillantes, Kal'hanar songeait, emporté par le crissement douloureux de ses mains - depuis longtemps cramoisies - qu'il avait préalablement glissé au cœur même du petit bûcher réchauffant les voyageurs de Monofu. Redressant ses paumes, sans pour autant les retirer du brasier auquel un pandaren, l'air interloqué, vint rajouter une brindille, l'elfe souriait tristement, se remémorant la puissance qu'il eu autrefois, qu'il avait abandonné.


Devant ses yeux, parmi les flammes, dansaient les réminiscences de sa quête désespérée l'ayant jadis poussé à toquer aux portes de quelques institutions, son âme n'aspirant alors qu'au renouveau, qui lui furent fermées aussitôt on les lui avaient entre-ouvertes. Il comprenait la raison des refus, le pourquoi des menaces, mais il n'avait cesser d’espérer qu'on lui accorde un jour le pardon.


Il avait autrefois envié les mercenaires tolérés pour la sale besogne qu'ils effectuent, les soldats forts et courageux à qui la mort n'est qu'honneur et distinction. Mais il avait peu à peu pris conscience qu'il ne connaîtrait que le mépris réservé aux premiers et la mort des seconds, car, dans la guerre qu'il avait mené malgré lui, Kal'hanar s'était hélas trouvé du mauvais coté.


Lorsqu'à sa mémoire revint ces fameux souvenirs, l'elfe s'écarta des flammes, posant ses mains meurtries sous le petit tas de neige s'étant amoncelé près du bûcher avant même son arrivée. C'est ainsi qu'il vivait à présent : caché sous une épaisse couche de froideur, l'espoir de renouveau l'ayant abandonné.


Kal'hanar fut sortie de sa transe par le cri paniqué d'un petit être placé à sa gauche, rampant sans grâce jusqu'au feu vers lequel roulait inlassablement une petit pièce dorée. Sans même réfléchir, sa main endolorie attrapa la pièce s'étant nichée parmi les braises et la tendis à son propriétaire. A sa stupéfaction, la créature la plaça dans la large paume du Kaldorei tout en chantonnant de sa petite voix :

« Maintenant toi ami des Grumelots ! De la chance pour toi et tes amis ! »


Un fin sourire se dessina sur les lèvres de l'elfe alors qu'il acquiesçait d'un signe de la tête. Il replia ses maigres bagages, glissant le petit objet dans sa bourse et pris lentement le chemin vers le nord. Peut-être restait-il un semblant d'espoir.